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Madame Morte / 2011 ~ composition de musique concr​è​te

by Lionel Marchetti

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Kodanshi Helcarver
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Kodanshi Helcarver An absolutely masterful display of musique concrète, this ¾-hour long work consists of several distinct but linked segments, mostly processing human voices to the point of sounding unrecognisable. There are numerous surprises in store, such as the swelling organ sounds and accompanying crowd.

Completely engrossing, and I highly recommend it!
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1.
Madame Morte 44:31

about

--- 2011 ---

« Allez au-delà des formes, certes, mais en passant par les formes. »
Swâmi Prajñânpad

-

Madame Morte

Musique concrète de Lionel Marchetti
pour une écoute acousmatique d'une durée de 44’31’’

Composition musicale, conception et réalisation sonore, tournages sonores, piano préparé, gamelan, instrumentarium, dans les studios du compositeur : Lionel Marchetti – 2001/2011

Musique instrumentale additive (fragments) composée par Olivier Capparos et librement arrangée par Lionel Marchetti

Guitare acoustique : Emmanuel Petit
Voix (en langue imaginaire) : Emmanuel Petit
&
Voix (cris de gorge) : Seijiro Murayama
Chant diaphane : Yôko Higashi
Piano : Olivier Capparos
Flûte traversière : Isabelle Hureau
Orgues (église Saint-Augustin, Lyon) : Romain Bastard, Lionel Marchetti

Citations collages :
Miss Bellmer, voXz le robot, un enfant monstre, Jacques Lacan, le cirque Pinder (accompagné de ses clowns) et divers hasards radiophoniques…

Remerciements : Jérôme Noetinger, Eric Beaurond, GMVL (Lyon), ARGOS (Bruxelles), Adèle Marchetti et Aurélia Calaudi

Copyright : Lionel Marchetti/Olivier Capparos/SACEM

Photographie : Lionel Marchetti/Yôko Higashi/2012

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À propos de Madame Morte :

« Il existe des œuvres qui surgissent de nos mains, tout à coup, et semblent nous imposer définitivement leurs règles depuis on ne sait quel infini dedans.
Et nous n’y pouvons rien.
Le rôle du compositeur se doit certainement de se plier à cette demande qui le dépasse, l’observe d’en haut, le perce, puis le pousse vers ces grèves insolites qu’il n’aurait jamais osé aborder, assisté de son unique volonté personnelle (volonté qu’il considère d’ailleurs le plus souvent comme suspecte).
Il est facile de prétendre à l’ouverture, à la nouveauté dans un dîner mondain : en vérité, le temps distille son impeccable coque et nous ralentit, tranquillement.
Et la routine est là.
Imposée.
Adieu la fantaisie poétique.
Jusqu’à ce qu’une force nous réveille.

Madame Morte (quel titre étrange !) évolue sous les frondaisons d’une architecture rouillée, prête à céder.
Madame Morte se repaît parmi de tels décombres, ramenés à l’aventure d’une obscure histoire ancienne et qui prennent corps, dans l’espace du haut-parleur, avec la laborieuse maturation du sel.
Comme un fantôme qui aurait mal digéré son infecte vie vivante (n’est-ce pas souvent le cas pour nos parents diaphanes : les spectres ?) Madame Morte erre autour de mortels faméliques qui, grâce à son expérience séculaire (et en cela ils lui rendront grâce) se débattent comme ils peuvent pour se débarrasser de leurs mues indécentes.
Madame Morte les recouvre alors de ses tonalités blafardes et cendreuses ; elle déplie ses anneaux - déambulant savamment en ces vastes territoires - étouffe soigneusement tout ces extraordinaires personnages puis cherche à exprimer (c’est le mot) depuis l’orifice de sa bouche édentée ce qui, d’une vie mal vécue, serait possible de sauver, quand bien même, alentours, un mal plus grand encore rôde et prend tout le monde en chasse.

Madame Morte est une œuvre délicieuse cependant.
Emprisonné, à mon tour (me voici donc châtié) par la subtilité reptilienne de la morte, j’ai essayé, au fil des années, d’ouvrir les gerces de sa couche pour y laisser passer quelques lueurs.
Des lueurs, uniquement, et non pas des lumières.

« La vitre sale me rend mon visage » dit quelque part le poète Paul Blackburn.
Ici, pour cette composition et ses improbables personnages sonores, c’est une vie sale qui se complaît au sein de ses reliefs et déterre le peu qu’il lui faut pour en faire un nouvel étendard.

Un enjeu formel s’est ainsi imposé à moi pour cette œuvre musicale, concrète, comme il se doit— enjeu lié tant à ses humeurs frayant dans les territoires de l’inquiétante étrangeté qu’à sa propre durée : comment, en effet, assiégé par une telle pesanteur et surtout par ce râle abyssal presque repoussant, distiller une harmonie contradictoire qui pourrait engourdir l’auditeur jusqu’au sang - ma proie désormais (il me faudra bien me venger de cette prison…) - afin de le piquer, au bon moment, à l’angle mort de son écoute, puis lui injecter une toxine jusqu’à ce qu’il se dégonfle, se ratatine, voire disparaisse, enfin pris au piège de l’image et ce, en allant l’oublier à jamais dans les profondeurs de l’épouvantable l’architecture qu’il m’a été donné de créer ?
Madame Morte m’a possédé.
Auditeur, m’en voudras-tu pour cela ? »
Lionel Marchetti

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À propos de Madame Morte, par Yann Leblanc
(in Revue&Corrigée numéro 95/mars 2013) :

- Les anciens n’ont-ils pas écrit que des os desséchés des morts peuvent monter d’étranges rêves ? - W.B. Yeats, Ce que rêvent les os (Trois Nôs irlandais)

« Il y a d’abord une agitation soudaine, un tremblement. Les horloges tressautent, leurs rouages se détraquent et s’emballent… Présence improbable qui s’extirpe des limbes du temps. Le monde tel qu’on le connaît commence à vaciller. Une longue plainte parcourt l’espace, lèche les murs, frôle les objets en les faisant frémir. Tout s’accélère, puis l’élan retombe doucement, comme une toupie cassée à l’équilibre précaire, au moment où présent et passé se superposent.

« Morte ». L’adjectif a remplacé son nom, l’état qu’il désigne est devenu son identité : « Madame Morte ». Personnage impersonnel, anonyme, que l’on a pourtant l’impression de connaître intimement.

C’est que Madame Morte n’arrive pas seule : elle porte en elle ses propres fantômes. Souvenirs ressassés, espoirs déçus, désirs inassouvis.
Madame Morte se remémore, mais d’une voix hoquetante, excessivement grave comme si la mort lui avait imposé une mue radicale, hébétée, dans un étrange dialecte guttural où chaque mot semble tronqué, buttant sur un infigurable qui ne laisse d’autre alternative, en fin de compte, que le cri.

« Morte ». L’adjectif a remplacé son nom, l’état qu’il désigne est devenu son identité. « Madame Morte ». Personnage de foire dont une foule excitée et curieuse attend l’apparition, mais dont la présence en impose bien plus qu’on ne le croyait, en impose tellement qu’elle suscite l’effroi.

Madame Morte est le clou du spectacle, enfoncé là, droit dans le crâne des spectateurs/auditeurs.

Pourtant Lionel Marchetti ne la conçoit pas comme un être malfaisant, mais comme une chance : « Il est facile de prétendre à l’ouverture, à la nouveauté dans un dîner mondain : en vérité, le temps distille son impeccable coque et nous ralentit, tranquillement. Et la routine est là, imposée. Adieu la fantaisie poétique. Jusqu’à ce qu’une force nous réveille. » Jusqu’à ce que surgisse, de la manipulation même des sons, une présence inattendue qui dépasse le cadre de la composition. Au fond, n’est-il pas logique que le compositeur de musique concrète, qui puise dans tant et tant de tournages sonores, traces d’époques révolues, se retrouve un jour ou l’autre confronté à des spectres ?

Même si elle est une bien macabre muse, Madame Morte a le pouvoir de donner un nouveau souffle, un nouvel élan.
Comme chez Henri Michaux, pour qui ce type d’apparitions offre « une voie vers l’insubordination », « secouant un engourdissement… dont il fallait bien sortir ».
Il faut simplement oser lui tendre la main et l’accompagner, avec toute la douceur requise, dans ses déambulations.

Chaque fois que j’écoute Madame Morte, mon appartement s’assombrit, se transforme en théâtre.
Je vois y croître de nouveaux couloirs, y naître de nouvelles pièces. Nouvelles pour moi uniquement ; en fait déjà très vieilles, usées, avec des meubles vermoulus où trônent des photographies jaunies.
Je vois les murs du salon s’éloigner et le plafond gagner en hauteur, tandis que des passages étroits se creusent dans les placards, des galeries inquiétantes, des escaliers crasseux.
Je vois les murs se fissurer : depuis les lézardes surgissent des voix que, parfois, je crois reconnaître.
Je vois des décombres, de la poussière et des os.

Madame Morte tient tout autant du théâtre Nô que du film d’épouvante : les deux genres se combinent à merveille dans la pièce (le son de la flûte et le son de l’orgue). Lionel Marchetti excelle dans l’art de ménager l’attente, tissant des trames sonores tendues à l’extrême qui se déploient avec lenteur, pleines de nuances pourtant, et d’évènements imprévus.

Le chant de Yôko Higashi, si pénétré tout à la fois de ténèbres et de clarté (Lionel Marchetti parle de « chant diaphane »), joue là un rôle fondamental, comme un fil d’Ariane dans le dédale obscur où circule Madame Morte. Un chant qui semble porter en lui deux élans contradictoires, enclin à aspirer toutes choses, à les ramener vers les gouffres desquels il s’élève, hésitant sans cesse entre poussée et plongeon.

Dans les Nô d’apparition, les spectres revivent généralement leur funeste destin, le temps d’un récit et d’une danse. Plusieurs rêves s’entrecroisent, les temporalités sont brouillées, la scène devient le « lieu de rencontre des vivants et des morts, des dieux et des bouddhas, lieu poétique aussi, où l’homme vient rêver sa vie éphémère et ses sombres passions, lesquelles ne sont elles-mêmes que les songes d’un songe. »

C’est un espace similaire que la composition de Lionel Marchetti fait surgir : une autre scène, un édifice insensé qu’une revenante parcourt une dernière fois, avec sa cohorte de rêves.
Et à l’instar des Nô d’apparition, c’est vers la libération, l’apaisement et l’oubli que tend la pièce avec soudain, au détour d’un couloir, une porte grinçante qui s’ouvre sur l’extérieur, la lumière, des chants d’oiseaux et enfin, peut-être, le repos. »
Yann Leblanc / 2012


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Lionel Marchetti is a French composer of concrete music
an improviser (electronics, various analogic systems with modified speakers, REVOX reel-to-reel recorder…)
as well as a visual-sound artist, a writer and a poet

Whether his music is composed or improvised
the body has an important role (Lionel Marchetti danced with the university company Relyanse between 1986 and 1991)

To define his music, one can borrow Kenneth White’s saying :

« Concrete or abstract ?
I like abstraction where a memory of substance remains, concrete refined on the frontiers of emptiness. »
[free translation]


-


NB : for a complete bio & diverses web links
have a look here : Archives radiophoniques…
(below, in my bandcamp discography)

credits

released January 6, 2011

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all rights reserved

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about

Lionel Marchetti France

Lionel Marchetti (1967) : compositeur français de musique concrète, acousmatique & improvisateur avec instruments électroniques divers

...ses compositions musicales sont considérées comme
un véritable cinéma pour l'oreille…

"Concret ou abstrait ? J'aime l'abstrait où subsiste un souvenir de substance, le concret qui s'affine aux frontières du vide." (K.White)
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